Réduction à 80 km/h de la vitesse autorisée : le Sénat crée un groupe de travail sur la sécurité routière
La commission des lois et la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat ont entendu, mercredi 24 janvier, M. Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, pour obtenir des explications complémentaires sur le plan gouvernemental de lutte contre l’insécurité routière.
À l’issue de cette audition, les deux commissions ont créé un groupe de travail commun sur la sécurité routière composé de trois membres : M. Michel Raison (Haute-Saône – Les Républicains), Mme Michèle Vullien (Rhône – Union Centriste) et M. Jean-Luc Fichet (Finistère – Socialiste et républicain).
Ce groupe de travail a été chargé de procéder à des auditions préparatoires à la tenue d’une table ronde sur la sécurité routière ouverte à tous les sénateurs. En effet, nous sommes toujours dans l’attente des résultats et la valeur scientifique des études et de l’expérimentation qui ont été demandés par courrier au Premier ministre, dès le jeudi 11 janvier.
3 QUESTIONS A MICHEL RAISON
Pour quelles raisons le Sénat vient-il de créer un groupe de travail sur la sécurité routière ?
Le Sénat partage pleinement la volonté du Gouvernement de réduire l’insécurité routière. Pour ce faire, il est essentiel de veiller à prendre des mesures ayant un « impact significatif » afin qu’elles soient comprises et donc acceptées par la majorité des usagers de la route. Dénuée de toute pédagogie, marquée par une communication culpabilisante, l’attitude du Gouvernement n’a pas manqué de susciter de nombreuses incompréhensions, doutes ou inquiétudes. Le groupe de travail a donc pour objectif de réunir les éléments d’information nécessaires pour évaluer, sans a priori, l’utilité réelle de la généralisation du passage à 80 km/h.
Comprenez-vous le mécontentement grandissant de la part des élus et des usagers ?
La colère n’est pas surprenante. En dépit de notre appel à la pédagogie, le Gouvernement a préféré la force en imposant une mesure sans en produire les fondements scientifiques. Pourtant, dans le domaine de la sécurité routière, le consensus social est essentiel. Un rapport d’information de l’Assemblée nationale, paru en 2011, explique que l’acceptabilité d’une mesure de sécurité routière dépend de trois facteurs : la bonne information de ses destinataires sur ses tenants et aboutissants, la conviction partagée de son équité et la perception de son efficacité. Si une des conditions n’est pas remplie, la controverse est quasi systématique et la mesure n’est plus efficace, elle devient même contre-productive.
Que demandez-vous au Gouvernement ? Les causes des accidents, notamment mortels, sont multiples. C’est la conjugaison de mesures ciblées qui permettra de réduire le nombre de morts sur nos routes. C’est pourquoi le groupe de travail sénatorial a appelé le Gouvernement à attendre la remise des conclusions avant toute prise de décision visant à modifier la réglementation. Près de 400 000 km de route seraient impactés par cette mesure uniforme qui risque de gommer la dangerosité aggravée de nombreux points tels que les intersections. Il semble plus logique d’adapter les limitations de vitesse à la typologie des routes qui peuvent être très différentes selon les territoires. C’est une piste qui sera explorée par le groupe de travail.