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4 questions à Sophie PRIMAS, Sénateur des Yvelines, Présidente de la Commission des Affaires Économiques du Sénat

Que diriez-vous de la politique du Gouvernement en matière de développement économique ?

En réduisant drastiquement les dotations de l’État, le Gouvernement précédent avait privé les collectivités de moyens d’action ; l’investissement local s’est effondré. Emmanuel Macron ajoute aujourd’hui la suppression démagogique de la taxe d’habitation. Il prétend certes qu’elle sera compensée par un dégrèvement, mais les élus connaissent le scénario. La première année, la compensation est à peu près au niveau de la perte de recettes, la seconde, le Gouvernement la gèle puis il finit par la diminuer après quelques années. Cela a une conséquence concrète : les communes perdent tout intérêt à construire des logements alors même que le Gouvernement leur demande d’en faire toujours plus !

Justement, s’agissant du logement, qu’en est-il  ?

La politique du Gouvernement est très contradictoire. Il demande aux élus de construire davantage de logements sociaux, mais il anéantit l’autofinancement des organismes HLM, particulièrement de ceux qui logent les ménages les plus modestes, en baissant autoritairement l’APL et les loyers. Qui, demain va construire ? Il souhaite que ces mêmes organismes vendent 40.000 logements sociaux (contre 8.000 aujourd’hui) afin de constituer de nouvelles ressources mais « en même temps », il supprime l’APL-accession qui permettait aux locataires d’acheter leurs logements. Et il a décidé de taxer la vente des logements sociaux ! Qui demain va acheter ?

Vous allez aussi aborder le projet de loi agricole ?

Donner aux agriculteurs la juste part qui leur revient dans la valeur ajoutée de la production agricole est un enjeu essentiel. La souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique pour la France et pour l’Europe. Ce projet comporte aussi un volet sur les produits issus de l’agriculture biologique ou dotés d’autres « signes de qualité » dans les cantines scolaires. Sur ce terrain, il faut être attentif à ce que le mieux ne soit pas l’ennemi du bien : beaucoup de communes, départements et régions se sont engagés dans une démarche positive. Mais il faut s’assurer qu’en contraignant tout le monde par la loi, ne se créent pas des filières d’importations de produits bio de pays dans lesquels la compétitivité est meilleure qu’en France et dont les normes sont moins exigeantes. En important davantage de produits bio nous n’atteindrions, ni nos objectifs économiques, ni nos objectifs environnementaux !

Quel rôle la Commission des Affaires Économiques du Sénat peut-elle jouer ?

La plupart des politiques économiques comporte un enjeu territorial. Nous nous attelons donc à faire des propositions pour l’Industrie afin d’encourager la création de nouvelles usines et ateliers sur le tout territoire et endiguer leur disparition. Dans un autre domaine, nous avons à cœur de couvrir tout le territoire en desserte internet et en sécurisant les investissements locaux en fibre. Dernier exemple, la désertification des centres-villes et centres- bourgs vient de faire l’objet d’une proposition de loi avec des propositions très concrètes qui vont au-delà de la dynamique commerciale, en traitant de la concurrence, du logement de centre-ville, des accès, des infrastructures, des services publics et des relations périphérie-centre-ville.