Chapitre 10 – Infection au Covid-19 : une pandémie
S’il a fallu attendre le 11 mars pour que l’OMS prononce le mot « pandémie », il suffit aujourd’hui d’ouvrir n’importe quel quotidien pour avoir la confirmation du caractère mondial de l’épidémie.
Insidieusement se dessine, au fil des graphes et des statistiques, un « tableau d’honneur » international de la gestion de la crise sanitaire. L’Europe, avec quatre des cinq pays au monde (Italie, Espagne, France, Grande-Bretagne, USA) les plus touchés, est tristement concernée par la maladie. Le point commun entre les trois pays latins est la tenue de rassemblements, en tout début d’épidémie, qui ont favorisé l’essaimage rapide sur l’ensemble du territoire. Quant aux autorités britanniques et américaines, elles n’ont pris, dans un premier temps, aucune mesure de protection et ont souhaité laisser se dérouler l’activité habituelle avant de se raviser devant l’augmentation inquiétante du nombre de malades. Ceci explique sans doute l’évolution de la situation dans ces deux pays qui déploreront certainement le plus grand nombre de victimes à l’heure du bilan final. Il est difficile de se prononcer sur les chiffres chinois tant ils semblent contestables. D’autres pays asiatiques, tels la Corée ou Singapour, sont montrés en exemple pour leur gestion efficace de la crise. Une anticipation des mesures à prendre, une réactivité, une stratégie claire concernant le port du masque, les tests et le traçage des personnes infectées, une parfaite discipline des habitants, tout cela a permis de protéger la population. Les observateurs avertis prédisent une tragédie sur le continent africain. Les conditions sanitaires ne sont majoritairement pas bonnes, les ressources médicales rares et disséminées, et les moyens plus réduits qu’en Europe ou en Asie… Même si, aujourd’hui, peu de cas sont à déplorer, on peut craindre une forte prolifération de l’épidémie avec des conséquences importantes en termes de morbidité et de mortalité, suivie d’une crise économique qui viendra frapper de plein fouet une situation déjà très fragile et des institutions instables. Ainsi, le risque de famine est pointé par l’ONU, qui considère que le Covid-19 sera un facteur aggravant et fera exploser le nombre de personnes soumises à une crise alimentaire. Avant l’épidémie, on estimait que 73 millions d’êtres humains étaient victimes de malnutrition sur le continent africain. Et cette catastrophe humanitaire aura sans aucun doute des répercussions en Europe, avec un probable afflux de migrants fuyant la famine et la maladie.
Le volet économique présente le même caractère planétaire et comportera, là aussi, des disparités d’un pays à l’autre. Les médias, pour la plupart, sont polarisés au point de ne plus parler d’autre chose. Nous assistons à une surenchère de comparaisons les plus dramatiques pour affirmer que le pire nous attend. Si la France, depuis vingt ans, n’a pas fait les efforts de nombreux pays européens pour diminuer sa dette, ce qui la fragilise, elle n’en demeure pas moins un pays à l’économie solide où l’épargne est, rapportée à l’habitant, parmi les plus importantes au monde. Sans doute aurons-nous à affronter des tempêtes, mais je veux rester optimiste car notre pays a connu de plus grands périls. Ceux de ma génération se souviendront des témoignages de leurs parents et grands-parents pour s’en persuader.
Une expérience récente et personnelle de publication sur un réseau social m’a interpellé tant ses conséquences m’ont semblé disproportionnées. Un simple post d’humeur à la suite de quelques masques défectueux a fait s’emballer tous les compteurs d’audience et de partage de ma modeste page Fb, relayée par les médias locaux et… nationaux. Je ne m’en plains pas. Toutefois, je constate que c’est ce qui ne fonctionne pas qui fait audience. Il serait d’ailleurs intéressant d’étudier l’influence de l’hypercommunication dans les décisions de nos dirigeants pour gérer la crise actuelle. À l’échelle de la planète, aurions-nous les mêmes obligations de confinement généralisé si le moindre faux-pas des gouvernants n’était pas relayé par tous les écrans du monde ? Rien n’est moins sûr. Gageons que nos économies, malgré les oiseaux de mauvais augures, seront assez solides pour rebondir et absorber les crises annoncées. C’est ce que l’on doit souhaiter.