Édito de la lettre du 16 juin 2022
Le résultat du premier tour des élections législatives dans le Loiret est pour moi une grande déception : aucun des candidats de la droite républicaine ou du centre ne se qualifie pour le second tour. Toutefois, cela n’est pas vraiment une surprise car l’évolution des résultats au fil des ans laissait craindre ce dénouement. Dans notre département, traditionnellement ancré à droite, le recul de cette famille politique n’a cessé de s’accentuer en l’espace de quinze années : cinq députés sur cinq en 2007 ; cinq sur six en 2012 (avec le redécoupage et la création d’une nouvelle circonscription) ; puis trois sur six en 2017 ; plus aucun en 2022. La chute est impitoyable. Mais inexorable, elle ne l’était certainement pas. En tout cas, pas dans ces proportions. Les divisions au sein de ces partis, dans les trois territoires détenus par la droite, sont une des causes évidentes. Mais il serait trop simple de faire porter la responsabilité de l’échec aux seuls candidats dissidents. La disparition des appareils politiques, la non-transparence des investitures, une certaine forme de népotisme ou de favoritisme en sont à mon sens tout autant les causes, car cela a permis les dissidences et favorisé les initiatives personnelles et malheureuses. Il est maintenant temps d’analyser ces résultats, d’assumer une autocritique objective et de rebâtir. Ce scrutin a eu néanmoins le mérite de montrer que nous possédons de jeunes talents motivés qui ont mené une campagne dynamique et pleine d’enthousiasme. Ils constituent l’avenir et la pérennité des idées et projets que nous portons. Aussi, la responsabilité des décideurs politiques locaux, dont moi-même, est d’amener ces candidats prometteurs dans de meilleures conditions aux échéances futures. Celles-ci résident dans un cadre rigoureux et solide des fondamentaux politiques : le parti, l’organisation et le réseau.
Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, alors qu’il n’était pas qualifié, Jean-Luc Mélenchon lançait : « Je demande aux Français de m’élire Premier ministre, avec une majorité pour l’Union populaire». Évidemment, ce 19 avril, cela prêtait à sourire, car chacun sait que c’est le président de la République qui nomme le Premier ministre. La ficelle semble alors un peu grosse, mais la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) est créée et un programme, associant La France insoumise, Europe écologie les Verts, le PS et le PC, est négocié dans la foulée. Moins de deux mois après avoir été formée, cette alliance improbable, par la magie de la communication et de savantes manœuvres de la majorité présidentielle, avec le concours de médias complaisants et par le talent oratoire de son leader, se trouve en position de faire jeu égal avec Ensemble !, la coalition des partis politiques proches du président de la République. Cela ne prête plus du tout à sourire. Il faut lire ce programme https://nupes-2022.fr/le-programme/ dans le détail pour comprendre le séisme que son application représenterait et la situation dans laquelle il placerait notre pays. Mais rassurons-nous, 1972 et le programme commun de gouvernement de la gauche sont loin. La nouvelle Union relève davantage de la com’ électorale que d’un programme et de valeurs partagés. Une fois élus, les parlementaires de cet attelage constitueront des groupes distincts à l’Assemblée. Cette union de fausses alliances, de pseudo-programmes et de valeurs à géométrie variable, est, plus que jamais, un jeu de dupes (de nupes ?) qui appartient à la tactique politicienne, celle qui contribue malheureusement à éloigner nos concitoyens des urnes.
Le lien entre les partis politiques et les valeurs qu’ils défendent est de plus en plus obscur pour les Français et leur confiance diminue à mesure. Ainsi, élection après élection, nous battons les records d’abstention, et je crains que dimanche prochain le taux de participation soit plus faible encore que celui de dimanche dernier.
Tout cela est aussi le résultat d’une stratégie du pouvoir en place, mainte fois décrite et parfaitement réussie, visant à l’extinction des partis traditionnels. Elle consiste à imposer le choix entre un parti extrême, de droite ou de gauche, et le mouvement présidentiel, puis à en appeler au sursaut républicain en sa propre faveur. Ce ressort de la raison, ce barrage contre les extrêmes, qui sont l’assurance-vie du pouvoir actuel, fonctionnent encore, mais pour combien de temps ? Et combien de temps les partis eux-mêmes, en se divisant de l’intérieur, y apporteront-ils leur complicité, sans doute involontaire mais si utile ? Le prix à payer, à court terme, ne cesse d’augmenter. Jusqu’où ira t-il ?