Édito de la lettre électronique du 16 janvier 2024
C’est sans doute cela le nouveau monde. Je dois avouer que je n’en comprends pas tous les ressorts. Alors que, au cours de ses vœux aux Français pour 2024, le Président de la République remerciait tout particulièrement Élisabeth Borne, il nommait neuf jours plus tard le très jeune ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, à la tête du gouvernement. Il est pour moi surprenant que ce dernier soit promu cinq mois seulement après sa prise de fonction rue de Grenelle et avant même que soit constaté le résultat de ses annonces. Il y a bien sûr quelque chose d’éminemment sympathique, en cette année olympique qui va mettre la France dans le viseur médiatique de toutes les nations du monde, à présenter un Premier ministre trentenaire. La France jeune, la France dynamique, la France qui réussit, etc., on comprend le message, mais au-delà, de façon plus sérieuse, le casting est-il à la hauteur de l’enjeu ? Je le souhaite ardemment et nous jugerons à l’épreuve des faits. Un ancien Premier ministre de Jacques Chirac disait il y a quelques jours : le Président doit définir trois ou quatre thèmes majeurs avec des objectifs clairs et choisir en fonction la personnalité la plus compétente pour les remplir. Cela semble relever du bon sens. À la compétence requise il faut ajouter la capacité à expliquer et à convaincre. Ce qui n’est pas, dans notre pays, la moindre des difficultés.
La France est malade de son endettement (+ de 3 000 milliards d’euros), lequel résulte d’une dépense publique pléthorique (58% du PIB) ; les charges qui pèsent sur les entreprises sont un frein à l’exportation et le déficit de la balance commerciale est abyssal (110 milliards d’euros) ; les chiffres de la criminalité et de la délinquance sont alarmants car quasiment tous en forte hausse ; le niveau scolaire des jeunes Français (23e rang du classement PISA alors que nous sommes la 7e puissance économique mondiale) est affligeant ; enfin, et nous le savons malheureusement bien dans le Loiret, l’offre de santé est devenue totalement défaillante au point de mettre en danger nombre de nos concitoyens, orphelins de cabinets médicaux de proximité. Tels sont les enjeux, tels sont sujets auxquels le gouvernement doit s’atteler avec force et détermination pour atteindre enfin un redressement solide.
Emmanuel Macron, qui va achever sa septième année à l’Élysée, possède cette remarquable capacité à faire croire que les problèmes qui se posent sont nouveaux et que ceux qui ne le sont pas ont été résolus par son gouvernement. En quelque sorte tout va bien. Or il n’en est rien et la France, loin de traiter ses maux chroniques, les voit, année après année, s’aggraver. Pourtant, les Français sont en droit d’espérer, après une si longue période au pouvoir, des résultats à la hauteur des belles promesses sans cesse renouvelées.
Le dramaturge et auteur à succès Marcel Achard, qui aurait pu se nommer en l’occurrence « Vachard », disait avec humour : « La chance existe. Sans cela, comment expliquerait-on la réussite des autres ? » En ce début d’année, je ne confondrai pas chance et réussite, et j’adresse tous mes vœux à notre nouveau chef du gouvernement.
Hugues Saury, Sénateur du Loiret
15 janvier 2024