Édito de la lettre électronique du 18 juin 2024
Du coup de tonnerre au coup de poker : les extrêmes en marche vers l’Assemblée nationale ?
Depuis dimanche 9 juin, la scène politique française ne connait aucun répit. Les résultats des élections européennes ont confirmé les sondages en plaçant en tête la liste du Rassemblement national avec 31,4 % des suffrages exprimés. Ce constat a ébranlé le camp de la majorité, le principal perdant de l’élection, mais aussi les partis d’opposition traditionnelle dont le nombre de sièges au Parlement européen recule au profit de l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon, et surtout de la liste de Jordan Bardella.
Mais la soirée de dimanche n’en était alors qu’au prologue : quelques minutes après les premiers résultats, le président Emmanuel Macron, recourant à l’article 12 de la Constitution, annonce dissoudre l’Assemblée nationale pour, assure t-il, « permettre de gouverner à des forces politiques qui auront été choisies par les Françaises et les Français ». Jordan Bardella et Marine Le Pen demandaient depuis plusieurs mois une dissolution si leur parti remportait les Européennes. Le Président Macron a donné ainsi l’impression de céder à leur injonction, tout en déléguant la responsabilité aux citoyens appelés, dans des délais restreints, à décider de l’avenir des équilibres à l’Assemblée et au gouvernement.
Entre « coup de tonnerre » et « coup de poker », les réactions de la presse, des figures politiques et de la société civile se sont rapidement fait entendre, y compris dans l’entourage d’Emmanuel Macron. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a déclaré le soir-même « qu’il y avait un autre chemin, qui était le chemin d’une coalition, d’un pacte de gouvernement », laissant entrevoir une certaine amertume.
Il est indéniable que la question de la réorganisation des forces en présence se pose. Les résultats aux Européennes ne sont que la confirmation de ce que nous observons aujourd’hui en France : les problématiques soulevées par nos concitoyens ne sont pas entendues. L’affaiblissement de l’enseignement du primaire au secondaire, la sécurité, l’immigration, le déferlement de violence chez les adultes et, pire encore, chez les plus jeunes, sont autant d’inquiétudes régulièrement manifestées par les Français. Elles sont pourtant restées sans réponse efficace de la part du gouvernement de Gabriel Attal et de ceux qui l’ont précédé ces sept dernières années. Les intentions énoncées par le Président, mercredi 12 juin, trop tardives et insuffisantes, sont perçues comme des velléités, tant la parole du chef de l’État a perdu toute crédibilité aux yeux des Français.
Emmanuel Macron n’est pas le seul à avoir pris des décisions surprenantes ces derniers jours. Mardi 11 juin, Éric Ciotti a suscité la sidération en annonçant le ralliement de LR au parti de Marine Le Pen. Cette nouvelle marque la seconde déflagration de ce début de semaine. Par cet acte unilatéral, impensable, voire irresponsable, il a voulu entraîner tout un parti dans une coalition sans concertation préalable. Au RPR, à l’UMP et chez les LR successivement, toute forme d’alliance avec le FN puis le RN a toujours été une ligne intransgressable. Elle doit le rester.
Dans cette dynamique complexe, les gauches ne sont pas en reste : elles se sont unies dans l’urgence autour de LFI, sous une bannière dont le nom consternerait Léon Blum lui-même. La création du Front populaire en France en 1936 s’est faite contre la montée de l’antisémitisme en Europe, or ce « Front populaire » de 2024 semble presque renverser les perspectives tant il contient une ambiguïté assumée sur la question.
Si la stratégie macroniste consiste à laisser les rênes au Rassemblement national afin que ses dirigeants échouent aux Présidentielles de 2027, cela révèle un dangereux calcul. Les évolutions au sein de l’Union européenne ces dernières années, dont l’Italie de Giorgia Meloni ou la Hongrie de Viktor Orbán, en font la preuve.
Les élections législatives du 30 juin et 7 juillet resteront historiquement déterminantes dans l’histoire politique de notre pays. Le RN au pouvoir, c’est l’assurance d’une instabilité durable, de manifestations de rue violentes et d’une forme de chaos. J’ai peur, je l’avoue, de l’image que nous pourrions donner aux quatre milliards de téléspectateurs qui s’apprêtent à suivre les Jeux olympiques de Paris. Un score élevé du Nouveau Front populaire, aux mains des excités de LFI lancerait la France dans une aventure improbable. Enfin, comment continuer à faire confiance à Emmanuel Macron et à sa majorité qui nous ont menés dans cette situation périlleuse ?
Dans ce contexte incertain, Pauline Martin et moi-même soutiendrons sans hésitation les candidats LR dans les circonscriptions du département. Ils portent des valeurs de modération, des convictions fortes sur les sujets régaliens, ils prônent la réduction des dépenses publiques, des finances saines, ils sont partisans de l’écoute et des relations de proximité. Le « nouveau monde » fut un mirage, les extrêmes seraient une dévastation : retrouvons le sens de la mesure et des réalités et votons le 30 juin pour Les Républicains.
Hugues Saury, sénateur du Loiret
Le 16 juin 2024