Édito de la lettre électronique du 4 décembre 2024
La résurrection de Notre-Dame : une leçon pour nos parlementaires
Alors qu’en Allemagne, dans le climat de tension internationale que l’on sait, on recense les bunkers susceptibles de servir d’abris antiatomiques, de ce côté-ci du Rhin, on continue, à la manière des assiégés de Byzance, à discuter du sexe des anges, ou, comme des marchands de tapis, sur le moindre article de la loi de finances. Il s’agit, dans cette foire aux revendications, moins de prendre en compte l’intérêt général que de satisfaire les egos, les rancœurs ou les spéculations de partis ou d’élus hors-sol, inconscients de la gravité des risques politiques, économiques, financiers et sociaux qu’ils font courir à la Nation, dans son ensemble.
Le spectacle affligeant de députés qui en viennent aux mains, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale, n’est pas tolérable. Nous avons, pour notre part, une vision différente de la fonction de parlementaire qui doit être exemplaire, même et surtout, quand elle s’exerce dans une société qui manque de plus en plus de repères.
Il est, par ailleurs, indécent, même pour complaire à une catégorie d’électeurs « engagés », de voir proposée et discutée en séance, une proposition de loi « visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme du code pénal », à l’heure où le djihadisme renaît de ses cendres au Proche-Orient et où, partout, sur notre continent, des hommes, des femmes et des enfants meurent de la main de fous, servant on ne sait quel Dieu.
Notre pays a besoin de fermeté, c’est ce que s’emploie à mettre en œuvre notre ministre de l’Intérieur. Notre pays a besoin de lucidité. C’est dans cet état d’esprit que nous analysons, puis, débattons des textes fondamentaux que constituent le projet de loi de finance pour 2025 et celui du financement de la sécurité sociale, sans œillères ni compromissions, tout ça pour être balayé d’un revers de motion. Pourtant notre pays, lassé de louvoyer au gré des « en même temps », a besoin de suivre un cap, dans la durée et dans la stabilité.
Notre pays a besoin de réformes sérieuses, parce qu’aucun gouvernement, depuis des décennies, ne s’est engagé durablement dans cette voie.
Certes, notre président de la République a fait rêver les Français, en 2017. Il a, par la suite, déçu bien des espérances, pour finir par s’auto-détruire, avec la dissolution de l’Assemblée nationale. La dégradation de l’image de la France et de son rang dans le monde, est patente. Allons-nous assister à l’effacement de Jupiter, ou voir le Phénix renaître de ses cendres ?
« Pari fou, tenu », « seul en scène » …, titrent les journaux, afin d’illustrer l’orchestration d’une visite régalienne, sous la blondeur de la pierre rénovée de Notre-Dame. Seul, au milieu des Français, Emmanuel Macron évoque un « choc d’espérances ». Alors que notre lumineuse cathédrale brille avec fierté aux yeux de tous, la charpente présidentielle donne, certes, des signes de faiblesse mais, elle, aussi, peut encore tenir…
En tout état de cause, mettons à l’honneur les 2 000 compagnons qui, dans une symphonie de savoir-faire et d’enthousiasme, ont su, en cinq années de labeur, bien planifiée/es, ressusciter Notre-Dame et, à travers elle, le passé glorieux de notre « cher et vieux pays. »
Sans oublier, à l’occasion de la Sainte Barbe, nos Sapeurs-pompiers qui l’ont sauvée du feu et auxquels nous exprimons notre gratitude et notre respect… Ni les 340 000 donateurs qui, du Loiret, de la France et du Monde ont généreusement contribué à cette magnifique résurrection… A eux tous, ils rendent son vrai visage à la France éternelle. Une leçon pour nos parlementaires du temps présent.
Et, comme il faut bien redescendre sur terre, vos sénateurs vont, quant à eux, rester mobilisés sur une autre mission, plus proche des immédiates préoccupations de nos collectivités et de nos entreprises : l’amortissement des impacts budgétaires d’une nouvelle opération de sauvetage, économique, et financière, celle-là, qui passe nécessairement par un autre travail d’Hercule : la réduction de la dépense publique.
Pauline Martin
Sénatrice du Loiret, 4 décembre 2024