Édito de la lettre électronique du 6 mai 2024
Réapprendre l’interdit
Force est de constater qu’avec beaucoup d’énergie, un brin de pugnacité et surtout l’implication de tous, « nos voix pour Nevoy » ont été entendues par le gouvernement. Le 3 mai dernier, Hugues Saury et moi-même, accompagnés par Jean-François Darmois, Maire de Nevoy, et Francis Cammal, Maire de Gien et Président de la Communauté de communes Giennoises, avons pu observer que la jauge était respectée, les conditions de sécurité prises en compte, et que ce rassemblement évangélique de très grande ampleur se déroulait dans la sérénité.
On peut donc estimer que si l’ordre règne au sein de la communauté des gens du voyage qui font preuve, en la circonstance, d’une rare ferveur, si chacune des familles présentes respecte scrupuleusement les règles établies au sein du camp, comme au sein du groupe, c’est qu’on y applique des normes qui s’imposent à tous.
Il en va de même pour les quartiers, dits en « état de non-droit » où se multiplient les trafics en tous genres : on constate – et c’est peut-être regrettable mais pas nouveau – que les comportements sont parfaitement organisés et codifiés : chacun y joue son rôle, bon gré mal gré, avec ou sans sanction à la clé.
S’agissant de la jeunesse, il convient de nous souvenir, nous adultes, de notre propre expérience : A l’école, les enseignants que nous admirions et respections, étaient, bien souvent, les plus sévères et les règles qui s’imposaient à nous préexistaient à notre entrée et ne se discutaient pas.
A l’heure où chacun s’interroge sur les « valeurs de la République » et donc, de la société, où le respect de l’autre, quel qu’il soit, est passé de mode, où des adolescents perdent la vie pour un simple différend, où des étudiants, que le destin devrait mener, à terme, à la « conduite des affaires », obéissent à des mots d’ordre de contestation, voire de destruction, quel avenir réservons-nous à nos propres enfants et petits-enfants ?
Face à la capacité humaine à se réinventer, nous devons réapprendre l’interdit et le cadre qu’impose une vie en société, tout simplement parce qu’il est rassurant et qu’il est accepté dans tous ces mini-systèmes parallèles.
Il est des mini-sociétés où cette réinvention est effective, où l’intérêt général prime sur la pulsion individuelle, où ceux qui ont la charge de les animer ont à cœur de le faire, bien sûr avec courage et détermination, mais aussi avec bon sens et pragmatisme et, si possible, une touche de charisme, ce sont les collectivités locales.
Ne pensons pas que ce pays soit ingouvernable. Il s’est oublié dans le « quoi qu’il en coûte » ou « l’interdit d’interdire », habitué à crier pour obtenir ce qu’il obtient, grâce, parfois, grâce à son statut d’enfant gâté, mais bien trop souvent dans son intérêt personnel. Sous l’habit commode du corporatisme, il a l’art de creuser les inégalités, en prétextant les effacer.
En ce 8 mai, la France honore ses soldats engagés pour défendre une liberté chèrement payée et Orléans célèbre Jeanne d’Arc dans l’union la plus totale. Population, associations, élus, armée, clergé, feront corps autour de cette jeune héroïne qui par ses origines modestes, son bon sens, sa rigueur et son courage, incarne l’image de la France éternelle, défiant toute « récupération politique. »
Elle nous donne la force d’espérer que nous puissions encore faire Nation !
Pauline Martin, sénatrice du Loiret
le 6 mai 2024